top of page

Bordeaux, une fermentation trop lente


La trêve hivernale est arrivée, et est sûrement perçue comme une aubaine pour certains. Les Girondins de Bordeaux font partie de ceux qui l'accueillent avec un grand sourire. Et si elle marque bel et bien la bûche de noël et les cadeaux sous le sapin, elle offre surtout un grand bol d’air aux dirigeants bordelais.




Pas les mots, juste des maux de tête.


Après 19 journées, Bordeaux est loin, très loin, des attentes espérées par la direction et surtout par ses supporters. Cette saison 2021-2022 est un désastre jusqu’à présent, et rien ne semble s’arranger. En effet, une vague de cas positifs au Covid-19 est apparue la semaine dernière au sein du club, ce qui a longtemps remis en cause la jouabilité du dernier match de l’année face au Losc, qui a pourtant bien eu lieu.

Mais le problème n’est pas récent, il ne cesse de se complexifier, tout simplement. Par où commencer ? L’ordre chronologique est préférable … Et à ce petit jeu, le problème le plus ancien est bien évidemment le Matmut Atlantique. Construit à l'occasion de l’Euro 2016 en France, et anciennement appelé le “Nouveau stade de Bordeaux", il a été estimé à 2 Millions d’euros par an pour une durée de 10 ans. L’enceinte accueillant plus de 40 000 spectateurs durant la compétition remportée par le Portugal, est aujourd’hui vue comme un fiasco par le maire écologiste de la ville. Aujourd’hui détenue par la société Stade Bordeaux Atlantique (SBA), le stade ne génère pas assez de revenus, que ce soit à l’intérieur mais aussi à l’extérieur.


Agacée et appauvrie par ce bien, la société SBA a menacé de déposer le bilan en 2022. Depuis 2015, les pertes avoisinent grossièrement les 15 millions d’euros et la SBA se voit mal continuer jusqu’au terme du contrat en 2045. Malgré une programmation qui s’annonce chargée avec des concerts, la Coupe du monde de rugby et même les JO 2024, le flou règne toujours. De plus, le stade peine à se remplir, et quand les résultats ne suivent pas les espoirs, le vide s’installe. Peu importe l’adversaire, les sièges du Matmut sont bien souvent épargnés : par exemple, contre l’Olympique Lyonnais le dimanche 5 décembre (2-2), seulement 25 000 sièges étaient occupés.



Une situation financière sinistre


L’été dernier, Gérard Lopez débarque en Garonne et sauve de justesse le club historique des Girondins de Bordeaux, alors que ce dernier est bien loin des titres de champions de France qu’il a pu connaître par le passé. Ça passe pour la DNCG, à condition de vendre. Résultat des courses, des arrivées. La condition de la DNCG pour que l’actionnaire luxembourgeois s’active était de vendre, avant d’acheter. Bien entendu cela a été respecté, et ce sont pas moins de 8 arrivées qui sont venues clore le mois d’août (Niang est arrivé en tant qu’agent libre plus tard). Aujourd’hui, l’objectif du mercato hivernal est net : renforcer les postes de défenseur central et de milieu de terrain. Mais toujours la même question, avec quel argent. Gérard Lopez maintient sa position depuis qu’il est arrivé et affirme que les finances bordelaises sont dans les clous. On peut l’envisager, mais à l'approche d’un mois de janvier électrique, il faudra cette fois-ci, mieux choisir les pions à échanger qu’il y a quelques mois, que ce soit pour la hotte du père noël luxembourgeois ou bien pour éviter que le croate de Bosnie-Herzégovine s’en aille plus rapidement que prévu …



Le terrain n’arrange pas les choses


A la mi-saison, Bordeaux est bien loin des places européennes, encore pire, bien loin d’apercevoir la première partie de tableau. En début de saison, les dirigeants étaient loin d’imaginer que les Girondins joueraient le maintien, eux qui espéraient faire belle figure dans la première partie de tableau. Et pourtant, les joueurs expérimentés sont nombreux. Benoît Costil, Laurent Koscielny, Otavio, et autres cadrent les jeunes potentiels comme Timothée Pembélé ou encore Yacine Adli, qui s’envolera à Milan la saison prochaine.


Le plus inquiétant est certainement la fébrilité défensive affichée depuis le début de saison. Pour faire simple, Bordeaux a encaissé 43 buts en 19 matchs de championnat, soit l’avant-dernière défense dans les 5 grands championnats. Seul Greuther Fürth, dernier de Bundesliga avec 5 points en 17 journées, fait pire avec 49 buts encaissés. Après la 15e journée, et la défaite face au Stade brestois, il fallait remonter à la saison 1959-1960 pour retrouver une équipe qui avait encaissé au moins 32 buts en 15 rencontres.

Le secteur défensif est fourni de joueurs expérimentés, censés construire une base solide pour les Girondins. Mais, ni Edson Mexer, ni Laurent Koscienly, n’ont rassuré lorsqu’ils ont pu être alignés en même temps, car les blessures de l’ex-international français et d’Abdel Medioub n’ont rien arrangé à la situation.


Aujourd’hui, on parle de latéraux offensifs, mais quand n’est-il de leur niveau défensif. Est-il encore suffisamment pris en compte ? La question se pose lorsque l’on voit les performances de Enock Kwateng ou Timothée Pembélé. Offensivement, ces latéraux remplissent leurs tâches offensives correctement, mais défensivement, ce sont beaucoup de lacunes exploitées de plus en plus par leurs adversaires. Et que dire de l’investissement collectif ? Quant on sait que le trio Adli-Fransergi-Onana n’a réalisé que 3 pauvres interceptions contre le Racing Club de Strasbourg (défaite 5-2).

Et pourtant, Petkovic l’a bien compris, ce n’est pas la peine de jouer avec un bloc haut si ses joueurs ne s’investissent pas suffisamment. Alors Petkovic repasse à la bonne manière. Le niveau d’exigence se hausse et au moindre manque d’engagement, la porte du banc s’ouvre. Zerkane, Kalu, Sissokho, Mensah en font régulièrement les frais.



Une lueur d’espoir, pourtant assombrie


Dans cette marée au courant bien trop fort, quelques obstacles semblent sortir la tête de l’eau. C’est notamment le cas d’Alberth Elis (25 ans), prêté par Boavista avec option d’achat, qui attire l'œil des observateurs. Capable d'évoluer attaquant axial ou sur un côté, l’hondurien est l’un des seuls au niveau sur cette première partie de saison, malgré un temps de jeu assez faible (837 minutes disputées). Hwang-Ui Jo, son compère d’attaque, illustre aussi cette attaque qui fonctionne malgré tout avec au total 30 buts marqués. A titre de comparaison, c’est plus que l’OGC Nice (2e) ou l’Olympique de Marseille (3e).


Après la déroute du côté de Strasbourg, les Girondins ont accueilli l’Olympique Lyonnais en étant convaincant et combatif ce qui leur a permis d'enrôler un petit point. La semaine suivante, Hwang-Ui Jo leur permettait de l’emporter face au concurrent troyen.


Et comme depuis le début de saison, cette période de “mieux” au sein du club a été hachée de plein fouet. Cette fois-ci, par un cluster de Covid. Rémi Oudin et Dilane Bakwa ont été les premiers touchés avant la large victoire 10 buts à 0 en Coupe de France face à l’AS Jumeaux (R1, Mayotte). Avant le match contre le Losc, lors de la dernière journée de Ligue 1 avant la trêve, 14 cas étaient alors recensés dans l’effectif. La défaite 3 buts à 2 était encourageante, vu les absences, mais aussi au vu de l’esprit dégagé par des joueurs comme Elis, double buteur, ou bien Yacine Adli auteur d’une belle prestation.


Cette dynamique encourageante pour la suite du côté des Girondins devrait servir de point d’appui pour Petkovic, à l’approche du 16e de finale de Coupe de France à Brest, où les Girondins de Bordeaux devront se déplacer en l’absence de 21 joueurs contaminés. Autant dire qu'à l’instant même de votre lecture, il y a de grandes chances que le match ait été annulé.




Nathan Bigué, de la ToileduFooteux

Comments


bottom of page